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le blog d'hélène
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26 novembre 2006

La loi Sarko oppose les gens les uns aux autres

Les maires balancent. Le projet de loi Sarkozy sur la prévention de la délinquance les rend méfiants. Parfois au bord des larmes, comme Jean-Claude Ducarre qui tient la barre de Melay, une commune de 600 habitants en Saône-et-Loire. Chez lui, les incivilités se «multiplient». Il vient d'être personnellement victime d'une agression, il est «en plein désarroi». D'autant qu'il ne peut rien faire. Il a déjà saisi le procureur, sans résultat. «Quand j'appelle la gendarmerie de secteur, ils me font répéter cinq fois le nom de ma commune. Rien ne se passe.» Ce qu'il attend du projet de loi sur la prévention de la délinquance ? «Déjà qu'on mette en application ce qui existe.» Vrai raison. Beaucoup d'édiles ont martelé cette antienne dans les couloirs du congrès des maires de France ­ jusqu'à aujourd'hui à Paris ­ puis lors d'un débat hier matin. Ils ont rapproché le projet de loi de leur quotidien d'élus. Le maire des Abymes, en Guadeloupe (10 000 habitants) parle de la pluie qui tombe dans son commissariat. Celui de Prades, près de Perpignan, peste contre les délais d'intervention de la gendarmerie de «trois quarts d'heure». Il s'étend sur le cas d' «un Zorro qui échappe à toutes les décisions de justice» et fanfaronne sur son impunité auprès des autres adolescents. «Tous les maires ont besoin de concret : une réponse de la gendarmerie, une réponse de la justice. Je ne vois pas d'utilité à cette loi», dit-il. Christophe Rouillon, maire (PS) à Coulaines, au nord du Mans, enfonce le clou avec humour : «Cette loi est un transfert de responsabilités. On nous a demandé de recenser les personnes âgées après la canicule, les volailles pendant la grippe aviaire et maintenant les enfants absents de l'école. Et si on ne crée pas le conseil de droit et devoir des familles, on sera montré du doigt par la population.» Les lois ne manquent pas, disent en substance les élus. «Sont-elles dans l'incapacité de régler le problème ou révèlent-elles plutôt le manque de moyens ?» interroge l'un d'eux. Pour Philippe Laurent, le maire de Sceaux (UDF), en Ile-de-France, la vraie raison tient au manque «de moyens pour la police». L'édile de Pont-Sainte-Marie, en Champagne, dit que cette loi ne fait «qu'opposer les gens les uns aux autres». Et d'abord les élus aux citoyens. «Ne nous faites pas jouer le rôle de shérif», a-t-il demandé. Dans sa commune, il n'a pas attendu cette loi pour recevoir les parents dont les enfants commettent des incivilités pour leur rappeler les règles de vie en communauté. «Fichiers». Ce basculement d'image («père fouettard», «maire shérif») inquiète les élus. A Riorges (10 000 habitants), en pays roannais, Roland Devis craint que le simple citoyen ne se mette à croire que l'élu local peut «tout régler, qu'il a tous les pouvoirs». Franck Maurras, à Carbon-Blanc, proche de Bordeaux, appuie : «Quelle confiance si le maire tient des fichiers ?» allusion à la possibilité pour le maire d'accéder à des informations confidentielles. Nicolas Dupont-Aignan, maire UMP de Yerres (30 000 habitants, Essonne) juge au contraire nécessaire cette loi, pour que «l'information» circule. Les maires veulent être «reconnus dans leur mission actuelle, pas apparaître comme des délégués du procureur», assène le maire de Tourcoing, Jean-Pierre Balduyck (PS). Il a un pronostic : cette loi va «amener l'insécurité dans la campagne municipale. Les opposants vont s'en saisir, et la population va le vivre sans nuances». Gérard Hamel (UMP) le maire de Dreux, se veut rassurant : «L'élu a besoin de travailler avec tout le monde. Il faut officialiser le rôle du maire comme celui d'un pivot. Cette loi a pour objectif de cadrer les choses, pas d'en faire un responsable.»

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